samedi 6 juillet 2013

300 de Frank Miller, un hommage aux soldats spartiates.




      Avez déjà entendu parler des 300 guerriers spartiates morts dans le défilé des Thermopyles pour défendre leur précieuse Grèce de l'envahisseur perse ?

Frank Miller (auteur et dessinateur de The Dark Knight Returns, Sin City, et de Batman : Year One entre autre) en fait justement l'éloge dans ce comics réalisé en 1998 avec Lyn Varley.

C'est bien beau tout cela, mais de quoi parle concrètement 300 ? Patience, patience, voici le synopsis du titre.

"L'armée persane ; si puissante que la terre tremble sous ses pas, s'apprête à écraser la Grèce, île de raison et de liberté dans une mer d'obscurantisme et de tyrannie. Entre la Grèce et cette vague destructrice il y a un petit détachement d'à peine trois cents guerriers. Mais ces guerriers sont plus que des hommes ... Ce sont des Spartiates."

      Avant de s'attaquer au titre en lui même, un petit point d'histoire s'impose, parce que lire le comic c'est bien mais si vous ne pouvez pas le replacer dans son contexte, vous ne pourrez savourer pleinement l'oeuvre.

300 nous relate une bataille de la Seconde Guerre Médique (qui vient de mède, nom que les grecs donnaient aux perses, ils les qualifiaient également de barbare, car je rappel à cette époque pour les grecs est barbares tous ceux qui ne parlent pas le grec), la très célèbre bataille des Thermopyles de 480 avant JC.
Mais je retourne quelques années en arrière pour que vous compreniez pourquoi Xerxès, roi des Perses, ordonna une expédition vers la Grèce.

En 499 avant JC, les cités grecques de Ionie (Asie Mineure) se révoltent face à la domination du roi perse, Marius (père de Xerxès). Le grec Aristadorase de Milet part en Grèce demander l'aide, seule Athènes et Erétrie répondent à son appel. Malgré une avancée grecque, l'armée perse met fin à la révolte.
Marius décide alors de ce venger d'Erétrie et d'Athènes et en 490 avant JC, il lève une armée qui se dirige vers la Grèce. Erétrie est détruite, mais les athéniens arrivent à mettre fin à l'avancée perse sur la plaine de Marathon, c'est la fin de la Première Guerre Médique (Sparte n'a pu arrivée à temps en raison d'un interdit religieux).

Dix ans plus tard, c'est à dire en 480 avant JC, Xerxès décide de poursuivre l'oeuvre de son père et donne l'ordre d'une nouvelle expédition vers la Grèce. Les grecs s'unissent face à cet ennemi commun et trente cités décident de former une alliance, c'est la naissance de la Ligue de Corinthe sous l'hégémonie de Sparte (Athènes et Corinthe font eux aussi partie de la symmachia (alliance militaire)). Les affrontements se font sur deux fronts, terrestres et maritimes.
En août -480, dans le défilé des Thermopyles, l'armée perse affronte cinq mille grecs (et non les quelques centaines comme nous le raconte Miller) dirigé par Léonidas, roi de Sparte. La bataille dure deux jours, car suite à une trahison grecque, les perses réussissent à contourner le défilé, mais Léonidas et ses 300 spartiates ainsi que quelques grecs venant d'autres cités vont restés aux Thermopyles pour retarder l'avancée barbare, ils seront tous massacrés.

C'est une première défaite pour la Grèce, s'en suit une seconde au même moment au Cap Artémision. En 479 avant JC, le conflit connait un tournant. En effet, avec les victoires à Platée et au Cap Mygale, Xerxès rentre vaincu en Asie Mineure.

      Ce petit cours d'Histoire Ancienne fini, je passe à la critique du comics, et dans un premier temps au style graphique que j'adore. Centré sur le rouge, le noir et un "rose peau", une véritable ambiance en ressort et le côté sombre du récit est accentué. De plus avec le format italien, bien que peu pratique pour le ranger dans sa bibliothèque, permet de réaliser de très belle planche, comme celles ci-dessous.

Léonidas et ses hommes arrivant aux Thermopyles.


Léonidas allant à la rencontre de Xerxès.


















D'un point de vue historique, certaines choses vont et d'autres pas, je m'explique. Tout d'abord Miller a fait je ne sais quoi avec les éphores, pourquoi en avoir fait des monstres (physiquement ils ne ressemble pas à des humains) ? Personnellement cet aspect ne me dérange pas particulièrement, mais le fait de montrer qu'ils ont été achetés par Xerxès oui. Ces magistrats spartiates étaient réticents aux conflits pour la même raison qu'en 490 avant JC, Sparte était en pleine fête religieuse, et faire la guerre était proscrit. Je souligne en plus que Léonidas n'est pas le seul à avoir mit en place la stratégie militaire, toutes les cités de la symmachia ce sont évidemment rassemblées.
Vient ensuite l'éloge que Miller fait de ces 300 soldats citoyens de Sparte. Certes leur acte est héroïque, mais d'un, aux Thermopyles ils n'ont pas été les seuls a se battrent et de deux ils ne sont pas les seuls à être resté. Sur ce point, je suis assez partagé, historiquement c'est n'importe quoi mais j'ai aimé le message que voulait faire passer Miller.
La scène d'initiation portant le nom d’agogé me dérange aussi, Miller ne précise même pas son nom. Il s'agissait d'un épreuve que seule l'élite des futurs citoyens spartiates passaient. Ça peut être considéré comme un détail, mas j'aurais aimé qu'il précise au minimum que c'était un rite d'initiation.



A contrario, il est précis sur d'autres aspects, comme les Immortels qui étaient un corps de l'armée de Xerxès ayant vraiment existé. Il nous montre également un très bonne aperçut de l'équipement des hoplites et du fonctionnement des phalanges grecques.
Chronologiquement, il maîtrise son récit, la durée du combat est respectée, les dates sont exactes ainsi que l'ordre des batailles. Il a également très bien retranscrit l'idéologie spartiate : l'honneur au combat et la haine envers Athènes.
Je pense que Miller s'est permit certaines libertés (les éphores, l'oracle, ...) pour renforcer l'ambiance de son récit, et non parce qu'il ne connaissait pas le sujet.

Pour conclure, pour une vingtaine d'euros, je vous conseil fortement ce titre, rendant hommage à ces héros mort au combat pour défendre leur cité et la Grèce. Esthétiquement très joli, le trait de Miller et les couleurs de Varley retranscrivent une ambiance très sombre montrant la violence des combats.
Bien que qu'historiquement ce soit n'importe quoi, les modifications (arbitraire ?) de Miller permettent de mettre l'accent sur ces 300 spartiates et leur sacrifice héroïque. De plus ceux qui ne connaissent pas les Guerres Médiques ne lui reprocheront rien à ce sujet , logique vous allez me dire, et peut être que certains curieux vont s'intéresser à cette période.

Je vous conseil également son adaptation cinématographique qui lui est très fidèle, Snyder à très bien retranscrit l'atmosphère et à totalement copier coller les scènes.


Mugiwara76000.

2 commentaires:

  1. Article très intéressant, surtout la partie historique pour situer le contexte ça m'a appris pas mal de chose.
    Je connaissais pas ce comics (de nom seulement) et ça m'a donné envie. (On sent que tu t'y connais en histoire.)

    Combien de tome sortie en France sinon ?

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  2. Je suis en fac d'Histoire et j'ai étudié la période c'est pour ça^^

    Pour répondre à ta question, c'est en 1 tome aux éditions Rackham

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